[traduction de Léonard De Leo d'après le texte en italien-mars 2014]
TOUTE UNE VIE POUR COMPRENDRE CE QU'EST UN ENFANT
Mario, Président d'honneur du «Movimento di Cooperazione Educativa» (Mouvement de Coopération Éducative), membre du comité d'honneur de la XXX° RIDEF 2014, fondateur généreux de la Maison des Arts et du Jeu de Drizzona, pour tous auteur de “Cipì”, de “Il soldatino del pim pum pà” (Le petit soldat du bim bam boum), de “L'enfance en liberté” (traduction française de“Paese sbagliato”), n'est plus parmi nous.
Il lègue, à nous tous et à l'école italienne, un héritage exigent et précieux.
Les débuts
“Un collègue m'informa qu'à Saint-Marin se réunissaient des enseignants “un peu fous”... À partir de là vint la découverte de l'enfant et ce fut tout un apprentissage... En ignorant la culture enfantine, globale, non disciplinaire, nous risquons de la détruire, comme peut le faire un colonisateur.”
Être auprès des enfants (ce qu'on apprend d'eux)
- “Ma vie professionnelle a commencé comme jeune maître inexpérimenté envoyé au front pour enseigner à des élèves dont j'ignorais tout. Je me suis aperçu que les enfants n'y existaient pas. C'était une mise en scène.”
- “Je trouvais extraordinaire (dans l'expérience de Tolstoï) que les enfants puissent aller à l'école en y apportant leur monde.”
- “J'essayai de faire écrire des récits plutôt que des rédactions à thèmes”.
- “La science nous a montré comment l'enfant exprime sa propre culture, et que la culture de l'homme ne commence pas avec l'école mais dès sa naissance.”
- “Commencer par l'enfant.”
Extraits des actes du congrès de Fano de 1991 : “40 ans de recherche didactique, 40 ans de mouvement pédagogique”, dans le bulletin “Informazioni MCE” n° 1/1992)
Ce que nous avons appris de Mario :
- se mettre à hauteur d'enfant pour lui permettre de se réaliser complètement
- la force des idées traduites en pratiques fructueuses
- l'humilité et la constance dans le maintien de nos principes éthiques
- le sens du bien commun (dans les films de Cesare De Seta dans la classe de Mario, le maître, après une réunion de la coopérative de classe, fait le commentaire suivant : “Il est fondamental d'apprendre à rendre compte aux autres, surtout dans l'Italie d'aujourd'hui...”)
- la conviction de l'existence et de la dignité d'une culture enfantine
- le don de soi généreux
- la recherche dans tous les domaines, l'approche de toutes les formes de connaissances artistiques, scientifiques, littéraires, techniques...
- quel que soit l'âge, on peut être facilitateur et garant des droits des enfants
Quelle école pour quels citoyens
“L'école, telle qu'elle est conçue, forme des hommes asservis plutôt que des hommes libres... la liberté, la démocratie, le christianisme ne s'apprennent que s'ils sont vécus dès l'école » (dans « Comminciare dal bambino » (Commencer par l'enfant), Enaudi, Turin, 1977, p. 20)
« Si l’école ne se soucie pas de libérer les enfants de toute inhibition ou de toute crainte, en les éduquant à la démocratie, à la coopération et à la liberté, comment peut-on envisager une nouvelle société, composée d'hommes différents, prêts à promouvoir le respect social de l'individu ? Comment alors rompre cette chaîne? Comment sortir de ce cercle vicieux? Comment s'émanciper du système d'enseignement traditionnel?
(Dans «Mario Lodi maestro della Costituzione», Mario Lodi maître de la Constitution) d'Anna Masala, éd. Junior, Bergame 2007, p. 45)
«L'homme libre n'est la propriété de personne. Beaucoup d'hommes libres, ensemble, peuvent constituer une force invincible capable de transformer le petit monde dans lequel ils vivent et la société toute entière. Pour libérer cette force, il faut commencer par l'enfant, subordonné à tous, propriété de tous et sans défense. (Cominciare dal bambino, p. 68)
L'école telle que la concevait Mario est une communauté dans laquelle tous les enfants se sentent égaux, frères, non classés ni hiérarchisés selon des critères liés au mérite, faisant de l'école «une communauté démocratique, éducative et éducatrice: par une étique antiautoritaire car fondée sur la compréhension, le dialogue, la coopération; «socialement ouverte» car construite sur la base d'un vaste réseau de rapports avec l'environnement».
(Maria Teresa Ciscato Gasparella, «Dalla dimensione etica alla dimensione socio-politica nell’opera educativa di Mario Lodi» (De la dimension étique à la dimension socio-politique dans l’œuvre éducative de Mario Lodi), dans «Ricerca educativa e conflittualità sociale» (Recherche en éducation et conflictualité sociale) sous la direction de Rosetta Finazzi Sartor, Morelli éd., Vérone, 1983, p. 50)
Merci, Mario. Nous continuerons sur la voie que tu as tracée, suivant ton exemple, autant que nos forces et notre engagement quotidien nous permettrons de le faire en pratiques, réflexion, coopération.
Giancarlo Cavinato
Secrétariat du «Movimento di Cooperazione Educativa»
(Mouvement de Coopération Éducative)