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Submitted by Luis Ricardo on 23/12/20 – 21:12

Je crois qu'une déclaration de la FIMEM est nécessaire pour construire et pratiquer l'éthique de l'équité et de la justice sociale à l'école avec l'intention de travailler ensemble pour que tous les enfants et adolescents aient accès à un sol égal pour apprendre. L'école doit ouvrir ses portes et ses fenêtres sur la réalité afin que les yeux, les oreilles et les pensées des élèves construisent leurs propres critères de jugement sur le monde déséquilibré que nous, adultes, héritons d'eux. La pandémie met en évidence les inégalités du système social, les intérêts centrés sur le capital, les machines au service du pouvoir, la concentration des richesses dans le 1% qui possède 82% des richesses mondiales, alors que 99% luttent quotidiennement pour leur subsistance.

  

Image: L'Imprimerie à l'École.

 

Il n'est pas sain pour les nouvelles générations de croire qu'il n'y a pas d'autre réalité qu'un néolibéralisme capitaliste, car la grande majorité des familles à l'économie précaire ont été poussées dans la rue par cette fragilité, provoquant des grappes de décès pour tenter de gagner leur vie. Il est bon d'étudier l'histoire et de comprendre ses liens avec le présent ; mais il est fondamental de lire le présent pour le comprendre, l'interroger et le transformer, en reconnaissant au cœur de toutes les sociétés la confrontation entre les classes qui ont le superflu et celles qui manquent du minimum pour survivre. Les écoles doivent procéder à une déconstruction et à une construction structurelle qui fournisse des outils cognitifs, émotionnels et éthiques afin que les nouvelles générations comprennent qu'une transformation de la distribution des richesses est urgente, en encourageant la lutte contre le consumérisme et la réflexion sur d'autres réalités possibles où la dignité de la vie humaine est un droit exercé par tous et où la coopération, la démocratie et la justice sociale sont pratiquées dans tous les coins de la classe afin qu'elle devienne une structure morale de rejet de toute forme d'exploitation.

Ces nouvelles générations doivent s'opposer à toute forme d'exploitation du travail humain et à une lutte fraternelle pour la justice sociale, où elles reconnaissent que le néolibéralisme, sous la domination du capital financier, n'a pas été capable d'apporter des réponses sociales ou politiques à l'hécatombe qu'il a provoquée dans la société mondiale, ce qui est aujourd'hui réellement évident dans la crise humanitaire que nous vivons dans le contexte de la pandémie. Il est nécessaire de l'apprendre dans les assemblées scolaires, dans les pratiques d'équité à l'école, dans les dialogues avec les autres acteurs sociaux afin de reconnaître que la misère, la faim, l'injustice, l'exploitation et l'inégalité existent. Tout cela devrait contribuer à la prise de conscience sociale et au besoin urgent de coopération dans les tâches de soutien entre les groupes, les familles, les colonies, les peuples et les nations. Il s'agit de se convaincre que personne ne peut avoir le superflu, alors qu'il y en a un qui n'a pas l'indispensable.

Et peut-être est-il temps de relire et de réinterpréter ce que Célestin Freinet, qui est mort il y a 70 ans en 1939 lors du congrès annuel de la ligue pour une nouvelle éducation, a dit : "Les éducateurs et la réalisation de l'idéal démocratique" :

"Nous n'avons pas l'habitude, nous le savons, de séparer le travail pédagogique de toutes les considérations sociales et politiques qui le conditionnent. Cependant, nous les mettons en première place parce que nous savons à quel point l'environnement social a une influence décisive, pour le meilleur ou pour le pire, sur l'enfance à laquelle nous nous devons, car ils annulent souvent tous nos efforts. Il est nécessaire de lutter pour la construction d'une société dans laquelle les enfants (aujourd'hui nous disons les enfants et les adolescents) peuvent se développer au maximum, de la manière la plus humaine et harmonieuse possible. Créer le climat favorable au développement que nous souhaitons et pour lequel nous travaillons est l'un de nos premiers devoirs pédagogiques. L'éducateur consciencieux est avant tout une personne consciente et active sur le plan social, qui se bat dans les organisations sociales, syndicales et politiques pour préparer un terrain favorable au travail pédagogique ultérieur".

À la prochaine fois, chers collègues.