Enviado por Jean Marc Henry el Sáb, 26/07/2014 - 12:36

Gisèle Thérèse EFOUBA est conseillère pédagogique au Cameroun.

Elle partage avec nous un témoignage de son travail et un acrostiche, en hommage à la RIDEF.

"L'enfant apprend une nouvelle notion comme il a appris à marcher. Il faut lui laisser le temps de tomber."

 

HOMMAGE À LA RIDEF

Rencontre évoluant dans l’innovation
Innovation pédagogique pour la détermination
Détermination que prônent les éducateurs
Educateurs valorisant les techniques Freinet
Freinet nous te disons sincèrement MERCI
              ITALIA GRAZIE MILLE
                                                               
 
Bonjour Gisèle, par quel chemin es-tu arrivée à la pédagogie Freinet et à la RIDEF de Reggio ?
Au Cameroun, nous parlons de la pédagogie Freinet depuis 2006 et nous la pratiquons depuis 2010, depuis la RIDEF de Nantes. L'année dernière, a eu lieu le Salon de la Pédagogie Freinet au Cameroun.
 
Peux-tu nous présenter ton travail au Cameroun ?
Je suis conseillère pédagogique dans le public, dans la région de Haute-Sanaga. Mon travail, c'est de visiter les classes et aider les enseignants à s'améliorer, à leur proposer des changements.
 
Quelles difficultés rencontres-tu ?
Au Cameroun, les effectifs des classes sont pléthoriques. Par exemple, en maternelle, il y a des classes d'une soixantaine d'enfants, répartis en trois groupes. Le mobilier est souvent inadapté et cela rend parfois les enseignants réticents au changement. Ils me disent souvent : "Ah, la pédagogie Freinet, c'est compliqué, et j'ai peur de ne pas faire mes programmes. Que va dire l'inspecteur quand il va me visiter ? "

Je réponds : "Arrête de courir derrière les programmes  Tu travailles pour les enfants, pour tes élèves, pour qu'ils comprennent ce qu'ils apprennent. Il s'agit d'aider tes élèves à s'exprimer plus."

 
Peux-tu expliquer ce dernier point ?
Dans la pédagogie traditionnelle, l'enseignant doit beaucoup parler et les élèves doivent se taire. A la fin de sa journée, l'enseignant est très fatigué et ses élèves n'ont pas agi. Je propose à cet enseignant des moyens de changer cela avec la pédagogie Freinet. Pour l'introduction d'une nouvelle notion, un enseignant de la pédagogie traditionnelle décide parfois de ne consacrer qu'une séquence, par exemple deux jours. Ensuite, il donne un petit exercice pour vérifier si l'enfant a compris. Je dis : "Pour apprendre cette notion, l'enfant fait comme il apprend la marche : il tombe. Il faut lui laisser le temps de tomber, de se relever, de recommencer jusqu'à ce qu'il sache marcher. Quand, après deux séances, tu le punis parce qu'il ne parvient pas à comprendre et qu'il se trompe à l'exercice, je trouve ça anormal."
J'insiste pour qu'on prenne le temps de faire comprendre quelque chose se nouveau, une semaine ce n'est vraiment pas assez pour que l'enfant maîtrise de nouveaux calculs. Et pourtant, c'est parfois ce que je constate dans les classes.

C'est un problème qui existe aussi dans d'autres pays, comme la France ...
Oui, au Cameroun, comme en France, la quantité des programmes est trop importante, mais à quoi ça sert d'avoir fait son programme si l'enfant n'a rien compris ?

Merci Gisèle !

 

Propos de Gisèle Thérèse EFOUBA  recueillis par Valérie, Claude et Virginie
Photo : Virginie Marechal